{Santé environnementale} 5 conseils à donner à une femme enceinte

Je les appèlerai les invisibles : on ne les voit pas, mais ils sont partout ! Je veux parler de ces produits chimiques qui ont envahi notre quotidien. On croit les connaître, on nous les a signalés dans les plastiques, l’alimentation, les cosmétiques, mais ils ressurgissent là, où on ne les attend pas, et là où on ne devrait pas les retrouver. Je veux parler des perturbateurs endocriniens. Ils viennent perturber nos systèmes de régulation. Mais là, où ils mettent des années à nous rendre malade, ils ne mettent que quelques mois à venir perturber la croissance des êtres les plus vulnérables : le foetus. Voici quelques conseils à donner à une femme enceinte : je les appellerai les non-négociables : ce sont 5 séries de conseils sur lesquels, il convient d’insister au maximum.

On croit bébé bien au chaud dans le ventre de sa maman, bien protégé dans le placenta, à l’abri des perturbations de ce monde et on se rend compte qu’il n’en est rien. La gestation fait intervenir des processus de développements extraordinaires, et les transformations du moment de la fécondation au moment de la naissance, voient apparaitre un petit être en devenir. En 9 mois, aucun autre processus naturel n’apportera autant de transformations. Les phénomènes sont complex et mettent en jeu de nombreuses réactions chimiques, impliquant de nombreux médiateurs chimiques. Or certains composants chimiques artificiels présents dans notre environnement peuvent perturber ces transformations, ces réactions et donc le devenir de ce petit être à différents niveaux.

La femme enceinte doit donc être la première cible de ces campagnes de prévention, pour le bébé qu’elle porte, puis après qu’elle allaite.

Mais de quoi parle-t-on ?

On parle ici, principalement des perturbateurs endocriniens. Phtalates, BPA, retardateurs de flamme, pesticides. Les perturbateurs endocriniens interviennent en bloquant ou en imitant certaines hormones. Ils agissent à doses très faibles à l’instar des hormones elles-même. Si l’on comprend comment ils agissent, on a du mal à évaluer leur mécanisme d’action et leur interaction quand ils se retrouvent ensemble. On parle alors d’effet cocktail. Chaque jour, nous absorbons, nous inhalons ou nous ingérons de nombreux produits chimiques et la femme enceinte ne fait pas exception.

Concrètement, quels devraient être les premiers conseils que l’on donne à une femme enceinte ?

On retrouve ces produits dans de nombreux produits de consommation courante. Eviter ces produits devraient être une priorité. Mais il n’est pas facile d’insister sur cela.

Les principales recommandations données sont souvent au sujet de la prise d’alcool et de tabac au cours de la grossesse. Peut-on en rester là ? Non je ne le crois pas. Il faut insister et surtout rappeler à toutes mamans en devenir, ces notions. Les recommandations doivent être pratiques et faire appel au bon sens dans un premier temps.

Les 5 conseils que l’on doit donner à une femme allaitante, enceinte ou voulant le devenir

Ces conseils feront appel aux 3 voies d’entrée des produits chimiques dans l’organisme : l’ingestion, l’inhalation, et l’absorption cutanée. Passer ces messages est le béabas pour une meilleure prévention. Cela permet déjà de diminuer de façon significative les apports des produits chimiques auxquels nous sommes le plus exposés.

Manger Bio

On ne le dira jamais assez, l’alimentation est la première des causes d’exposition aux pesticides. En mangeant bio, on diminue déjà beaucoup son exposition et donc celle de son bébé. Bien sûr, l’aspect financier intervient beaucoup dans ce cas-là. De plus, le bio n’est pas forcément généralisé partout.

Le temps est aussi un facteur limitant : on n’a pas forcément le temps de cuisiner. Mais de plus en plus, on retrouve partout de bonnes recettes rapides. Le gain est évident.

Une étude a montré qu’en seulement 1 semaine de diète bio, les résidus de pesticides présents dans les urines d’enfants avaient significativement baissés (Lu, Chensheng et al., Environnemental Health Perspectives) : c’est important de parler de cette étude pour faire comprendre que augmenter la part de BIO a  un impact quasi immédiat sur le métabolisme des pesticides.

Des solutions existent en se dirigeant vers des petites associations locales, permettant une plus grandes proximités avec les consommateurs.

Il faut alors repenser son alimentation : on peut diminuer les produits transformés qui sont souvent plus chers, redistribuer le gain vers des produits de consommations plus simples. Il convient alors d’inciter à faire sa cuisine soi-même et ne pas se diriger vers l’alimentation ultra-transformée qui renferme aussi son lot d’additifs potentiellement dangereux pour le nourrisson.

Enfin, il est important d’insister sur les modes de cuisson et d’inciter à cuisiner à température basse pour éviter la formation de composants comme l’acrylamide (mélange de protéines et de sucre) potentiellement dangereux pour la santé.

Etre vigilante sur ses cosmétiques

La voie cutanée est une voie prépondérante dans la contamination. Or les cosmétiques ne sont pas toujours exempts de produits chimiques dangereux.

De nombreuses études ont liés les effets des parabènes à des perturbations endocriniennes mais aussi à des cancers du sein. Les parabènes sont en fait un groupe chimique utilisés comme conservateurs. Les parabènes sont reconnus comme étant perturbateurs endocriniens. Ils sont aussi utilisés dans les aliments industriels, mais sont attaqués par les sucs digestifs. Les molécules de parabènes passent à travers la peau et sont liés à des cancers, neurotoxicité, immunotoxicité et toxicité du système reproductif.

Pour trouver les bons cosmétiques, il est important de lire les compositions, de se fier à certains labels ou alors d’utiliser des applications de téléphones mobiles qui donnent une notes aux produits. Attention, elles ne se valent pas toute et surtout leurs conclusion sont parfois éronnées dans la mesure, où elle se focalisent sur certains aspects.

Voir aussi le paragraphe d’après sur les parfums.

Ne pas diffuser de parfums

Un parfum, c’est souvent un mélange de produits qui ne sont pas connus. Les parfums tombent sous le coup du secret. Or, dans les parfums sont souvent ajoutés des phthalates (phthalates en anglais). Ces ingrédients permettent de maintenir le parfum pendant un long moment. C’est eux qui font que vos cheveux sentent encore la pomme quelques jours après un shampoing.

Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens et sont liés à des dysfonctionnements de la thyroïdes et autres problèmes hormonaux.

On retrouve aussi ces phtalates dans les bougies parfumantes ou les sprays déodorants. On les retrouve aussi dans les plastiques souples : les bouteilles, surtout dans les plastiques estampillés avec le numéro 1, les PETE, les Polytéréphtalate d’éthylène.

Les solutions :

  • éviter les bougies parfumées,
  • les parfums dans les cosmétiques et
  • les bombes déodorantes
  • et les cosmétiques avec la mention parfum dans la composition.

L’air de la maison est une des principales causes de pollution. Il est important de diminuer cette exposition, le plus possible.

La bonne nouvelle est que les phtalates sont vite métabolisés et donc auront tendance à être éliminés rapidement de l’organisme.

Faire attention à l’air intérieur

De nombreuses études ont permis de comprendre que l’air intérieur de nos maisons sont beaucoup plus pollués que l’air extérieur. En effet, à la pollution de l’air extérieur, il faut ajouter les polluants de l’intérieur : les gaz émis par les colles, les peintures et surtout les appareils ménagers. Les produits ménagers participent aussi à cette pollution.

Souvent ces produits volatilisés se retrouvent piégés dans les poussières de maisons. Dans ces poussières, ont été retrouvées : des phtalates (cf paragraphe sur parfum), mais aussi des métaux lourds et des retardateurs de flamme bromés. Dans l’air de la maison, on peut retrouver du  formaldéhyde, un gaz qui provient des colles de contre-plaqué mais aussi de certains produits ménagers et cosmétiques. C’est un produit secondaire formé par réaction chimique.

Les solutions :

  • aérer autant que possible les habitations. Une étude a permis de conclure que l’on retrouvait moins de retardateurs de flamme dans le sang des personnes qui aéraient leur intérieur.
  • éteindre les appareils ménagers la nuits : cela diminue la dissémination des retardateurs de flamme.
  • se diriger vers des produits ménagers plus naturels.

Faire attention aux contenants alimentaires

Les contenants alimentaires doivent aussi être abordés. Que ce soit les plastiques ou les contenants servant à cuire les aliments, des composants indésirables peuvent migrer dans les aliments. C’est le cas des plastiques, surtout quand ils sont chauffés au micro-onde, mais aussi le cas des poêles anti adhésives.

Le mieux est de bannir les contenants en plastique et anti-adhérants en se dirigeant le plus possible vers le pyrex et l’inox.

En Bref :

 

Comment sensibiliser la femme enceinte à ces problématiques de santé environnementale ?

De plus en plus, on se rend compte que l’environnement a un lien direct dans les maladies dites de civilisation. Les chercheurs ont tous la même conclusion.

La femme enceinte fait l’objet de plus en plus de l’attention des chercheurs. Le stade de l’embryogénese est passé à la loupe et certains alertent sur les dangers de ces produits sur le développement de l’enfant. De nombreuses recherches confirment ces alertes. La chercheuse, Barbara Demeneix s’est spécialisée dans l’incidence de certains produits sur le développement du cerveau à travers l’interaction avec la thyroïde.

Mais passée l’alerte, on ne trouve pas de solutions concretes à mettre en place. A côté des injonctions comme : faire attention à … que fait on concrètement pour que l’information passe par le corps médicale et ait un réel impact.

Dans le grand public, l’information commence à passer et la sensibilisation semble gagner, vues les nombres de publications que l’on voit dans la presse écrite mais aussi la presse audiovisuelle. Cependant, au niveau du terrain, on observe encore un gap dans la population. La prise de conscience est presque là, mais la phase de passage au changement n’est pas toujours au rendez-vous.

Les médecins, les pharmaciens et les sage-femmes doivent faire partie de la chaîne d’information

Un grand absent dans cette chaîne d’information semble être le corps médicale au sens large. Les médecins, sage-femmes et pharmaciens devraient être des acteurs dans la propagation de l’information. Or on se rend compte que souvent ils se sentent démunis ou pas informés, ou alors, ils ne savent pas comment faire passer l’information.

Certains médecins ont relayé l’information en publiant des livres. Mais où est l’information juste et documentée ? Où est l’information qui atteindra directement le patient pour que la prise de conscience soit suivie de changements de comportement ?

Or pour avoir un suivi objectif, les professionnels de santé doivent intégrer dans leur pratique, des gestes, des questionnements et des conseils pour sensibiliser encore plus les populations et surtout les populations de femmes enceintes.

Il y a deux choses à considérer : il faut pouvoir évaluer l’exposition de la femme enceinte à de tels toxiques en lui proposant systématiquement une anamnèse à ce sujet, en posant des questions précises par écrit ou à l’oral. Cela demande certainement un peu de temps. Le questionnaire peut aussi être fait par écrit juste avant une consultation ou lors d’un rendez-vous spécialisé.

Mais comment évaluer l’exposition d’une femme enceinte et surtout comment implémenter ces conseils pour qu’ils soient suivis d’effet. Il peut être utile de faire des rencontres sur un sujet précis pour sensibiliser et faire comprendre les dangers de ces expositions. Les changements ne peuvent être institués sans prise de conscience. Or on peut se focaliser sur différents sujets pour en faire des animations. Dans mon programme, le chainon manquant, je vous propose de comprendre comment vous pouvez intégrer cela dans votre pratique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *