Le message altéré de la santé environnementale chez les soignants

Il n’y a plus un jour sans que la presse courante ne sorte un article pointant du doigt certaines études et annonçant à coup de titres, des affirmations, des mises en garde. Mais passé l’effet d’annonce que reste-t-il du message ? pas grand chose car il est dispersé ! Le message se perd alors dans des injonctions et est même dénoncé le lendemain par un autre message. Cela n’amènent pas forcément au changement. Du côté des soignants, l’information est trop dispersée pour être consistante et être intégrée dans de vrais conseils. Bref, le constat est là, l’information n’est pas organisée et n’amène pas à suffisamment d’implications de la part du corps médical. Mais est-ce leur faute ?

soignants

Que nous révèle une enquête parue en décembre 2019 ?

Dans une enquête diffusée en décembre 2019 par le journal « Le Généraliste » (1), il a été révélé que les patients sont de plus en plus sensibilisés et ont pour la plupart changé leur alimentation, MAIS

    • 86% (près de 9 sur 10) des médecins généralistes estiment être insuffisamment formés aux problématiques de l’environnement.
    • 58% (6/10) des généralistes indiquent ne pas savoir où s’informer pour les questions relatives à l’environnement et donc
    • 7 sur 10 estiment se sentir insuffisamment formés pour répondre aux questions de leurs patients (5).

santé environnementale et médecinsCette enquête révèle combien les médecins se sentent démunis car ils ont peu de connaissances et de conseils à donner en échange. Ils ne savent pas où se diriger et trouver une information juste.

Ce qui est frappant est de voir que le grand public est de plus en plus sensibilisé à ce sujet, mais il a besoin de référents sérieux. Or la formation en santé environnementale ne fait pas encore systématiquement partie de la formation des soignants, et notamment des soignants de la périnatalité. La formation en Santé Environnementale, est la grande absente des campus. C’est véritablement le plus gros chaînon manquant dans la médecine actuelle.

La formation aux toxiques de l’environnement et plus généralement à la santé environnementale est la plus grande pièce manquante du puzzle de la santé et du bien-être en général.

Pour combler ce chaînon manquant, je suis en effet persuadée, qu’il faut comprendre en premier lieu le contexte pour pouvoir dresser les grandes lignes du sujet et ainsi permettre aux soignants d’intégrer dans leur pratique ces notions et ainsi prendre des actions et aborder le sujet avec leurs patients, sans hésitation.

D’ailleurs, ce point est repris dans le dernier rapport parlementaire sur les perturbateurs endocriniens (5), paru en décembre 2019. Celui-ci mentionne d’ailleurs que la formation du corps médicale doit désormais intégrer la santé environnementale.

Le constat

Et en France ?

Le paysage de la toxicité environnementale a malheureusement vraiment changé en quelques décennies. On observe un changement des maladies rencontrées avec une croissance exponentielle des maladies chroniques.

En France, il existe un indice très significatif pour montrer la progression des maladies chroniques, c’est la mention Affections Longue Durée (ALD). Dans cette liste d’Affections Longues durées, il existe 30 pathologies répertoriées, comme le diabète, les maladies cardiaques, les cancers …

En 1994, on comptait 3,7 millions de personnes en ALD, en 2009, ils étaient 8,6 millions, le cap des 10 millions a été dépassé en 2016. Entre 1994 et 2009, le taux avait déjà doublé, il a triplé entre 1994 et 2016.

On observe aussi une accélération du nombre d’inscrits chaque année :

  • 1,3 millions de nouveaux inscrits en 2014,
  • 1,4 en 2015 et
  • 1,6 en 2016,
  • 1,7 millions en 2017.

Cette augmentation de la prévalence des maladies chroniques a augmenté beaucoup plus vite que la population (elle a doublé en 14 ans), elle a en fait, augmenté 6 fois plus vite que la population elle-même.

Mais une absence de prise de conscience…

Face à cette explosion de maladies chroniques, et face aux dépenses que cela engendrait, la CNAM, dans son rapport annuel de 2017, a apporté des explications concernant cette hausse, en parlant du vieillissement de la population et de la croissance même de la population. Une autre explication est souvent donnée :  ces maladies sont mieux diagnostiquées. Certes, ces 3 raisons sont justifiées..

Le vieillissement de la population apparait cependant comme une sorte de fatalité dans cette explosion de maladies chroniques qui parfois sont multiples chez la même personne.

Suite à ce constat, la CNAM a alors émis 28 propositions pour adresser le problème sans faire référence une seule fois, aux causes environnementales et sans parler de solutions à adopter dans ce domaine-là. Les recommandations portent souvent sur le déséquilibre alimentaire, la sédentarité, le tabagisme et l’alcoolisme : ce qui est déjà une bonne chose. Mais qu’en est-il du reste ?

Comme le souligne André Cicolella, toxicologue spécialisé en santé environnementale, il n’est jamais fait mention des impacts des produits chimiques dans les causes des maladies. Bien sûr toutes ces explications sont valables, mais occulter l’incidence des produits chimiques comme causes principales de ces maladies chroniques c’est aussi passer à côté d’un schéma de prévention qui pourrait être institué.

André Cicolella (auteur aussi d’un livre excellent : Toxique Planète (2)), dans son article paru en 2018 dans Alternatives Economiques (3), apportent d’autres explications qui n’ont jamais été prises en compte dans les analyses de la CNAM. Voici comment commence cet article : « Les maladies chroniques constituent un défi mondial d’ampleur épidémique selon l’OMS. Malgré les cris d’alarme des chercheurs et des organisations internationales, les politiques de maîtrise des dépenses de santé en France continuent d’ignorer les causes environnementales des maladies. »

Cicollela

 

Or de quoi parle-t-on ?

Le contexte se résume à quelques chiffres.

Aux Etats-Unis, il y a à peu près 86 000 produits chimiques enregistrés ou utilisés (40 000 sont activement utilisés). Ils ont été répertoriés par l’EPA : dans ces chiffres, il n’est pas compté les pesticides car ils ne sont pas régulés par la même loi.

Mondialement, on considère qu’il y en a entre 100 000 et 150 000, sachant que les régulations et les enregistrements sont différents d’un pays à l’autre il est quasi impossible de savoir précisément combien il y en a.

A titre indicatif, quand la loi dite TASCA a été votée en 1976 aux Etats-Unis. Il y en avait alors plus de 70 000 produits répertoriés, dont 60 000 furent acceptés ainsi, tandis que seulement 200 furent testés. Avant TASCA, il n’y avait pas de régulation des produits chimiques. Depuis la loi a guère évolué.

L’agence européenne, quant à elle, ECHA (Europ. Chemical Agency), en comptabilise 106 213 au 20 janvier. En Europe, REACH, est un règlement européen, adopté pour améliorer la protection de la santé humaine et de l’environnement contre les risques pouvant être posés par les produits chimiques. REACH recense approximativement 53 000 substances (6).

Or que nous révèlent les dernières études ?

De nombreuses études ont montré que ces produits sont retrouvés dans notre organisme. Ces dernières années, une étude, l’Etude Esteban a été menée en France sur une cohorte de plus de 3500 personnes : une partie des résultats a été rendue publique en septembre 2019.

Esteban a mesuré près de 70 marqueurs dans la population française sur un échantillon de population important chez l’adulte (2503) et l’enfant (1104). Près de 156 000 échantillons ont été recueillis et ont dosé les composants suivants :

  • les bisphénols,
  • les phtalates,
  • les retardateurs de flamme bromés,
  • les perfluorés,
  • les éthers de glycol et
  • les parabènes.

Dans le courant de 2020, les résultats sur les pesticides, les PCB, les dioxines et les furanes seront disponibles.

Cette étude a aussi été accompagnée d’un questionnaire et a permis de comprendre la carte des imprégnations en établissant certains liens pour comprendre comment ces personnes étaient exposées à ces polluants. Certaines grandes lignes ont permis de comprendre des liens directs d’exposition.

Les résultats de l’étude ESTEBAN montrent 2 faits marquants :

  • que ces polluants sont présents dans l’organisme de l’ensemble de la population : adultes et enfants,
  • et des niveaux plus élevés sont retrouvés chez les enfants.

Ces résultats sont remarquables car ils permettent de dresser une véritable cartographie de l’imprégnation en France et de faire émerger des corrélations entre certains comportements et les taux retrouvés de certains composants. Mais comme le sujet est vaste, je reviens très bientôt vous en reparler dans un prochain article.

Et si vous passiez à l’action ?

Que vous soyez,

  • sage-femme,
  • médecin,
  • pharmacien,
  • infirmière,
  • naturopathe,
  • pédiatre,
  • gynécologue etc …

N’hésitez pas à venir consulter le programme : Le Chaînon Manquant par ici !

 

Un programme complet pour comprendre les ressorts de la santé environnementale !

Le Chaînon manquant est un programme sur 3 mois, qui s’adresse au professionnels de santé. Il apporte une connaissance approfondie des ressorts de la santé environnementale avec une approche pratique sur l’exposition quotidienne aux produits chimiques.

Après avoir suivi le cours, vous obtenez les résultats suivants :

  • Vous avez sous la main, des informations spécifiques vers lesquelles, vous pouvez vous tourner : vous économisez ainsi du temps en recherches bibliographiques,
  • Une meilleure fluidité pour parler de ces problématiques, en vous appuyant sur des connaissances scientifiques solides,
  • Cette fluidité entraîne une meilleure adhésion de vos patients,
  • Vous identifiez avec eux les points d’amélioration et vous les aidez à diminuer significativement les substances toxiques qui les entourent et qui compromettent leur santé et celle de leurs enfants.

Vous repartez avec

  • Une compréhension du lien entre l’environnement et la santé future de l’enfant en devenir,
  • Une vision globale des sources de pollutions et de contaminations dans l’environnement du quotidien,
  • Une approche pro-active pour proposer des solutions alternatives, facile à mettre en œuvre,
  • Une démarche personnelle pour vous permettre d’intégrer dans votre pratique professionnelles ces informations et surtout les transmettre à vos patients.

Le programme débute le 15 mars et s’étale sur 3 mois.

Profitez d’un prix de lancement jusqu’au 28 février !

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Sources

  1. Bilan 2019 : les défis de l’environnement : Enquête : concernés les généralistes ont déjà changé leur comportement, consulté sur ce lien URL, le 20 janvier 2019
  2. Toxique planète : André Cicolella, PointSciences, Mars 2017, 281 p.
  3. Santé environnementale et maladies chroniques, le coût de l’inaction, Alternatives Economiques, 01/10/2018, ANDRÉ CICOLELLA, consulté sur ce lien en décembre 2019
  4. Etude ESTEBAN : Polluants du quotidien : données inédites chez les enfants et les adultes : consultable par ici.
  5. Rapport parlementaire sur les perturbateurs endocriniens présents dans les contenants en plastique, à consulter sur ce lien.
  6. Comprendre REACH : disponible sur le site de l’ECHA (ICI)

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